ALLIANCE INTERNATIONALE DES RÉCUPÉRATEURS

L'Alliance Internationale des Récupérateurs est une union de organisations de récupérateurs représentant plus de 460 000 travailleurs dans 34 pays.
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février 02, 2012


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Cette rubrique est destinée aux récupérateurs et aux organisations se proposant de les aider à s’organiser. Dans chaque bulletin nous donnerons quelques conseils pour les y aider.

Réunion du réseau des récupérateurs RRR à Tshwane. Photo credit: Melanie Samson. 

Par Chris Bonner, directrice, Programme organisation et représentation

Mais, pourquoi s’efforcer de  s’organiser?

C’est bien simple. Les récupérateurs veulent des améliorations concrètes, immédiates et réelles de leurs vies. Ils veulent aussi exercer ce pouvoir qu’ils pressentent. Ce faisant, ils verront qu’ils peuvent changer d’importants rapports de force.

Chaque récupérateur sait ce pour quoi il doit lutter et ce qui pourrait changer sa vie. Ce peut être un meilleur accès aux déchets ou faire partie des systèmes de gestion de déchets des gouvernements locaux. Ou, peut-être souhaitent-ils ne plus se limiter au ramassage et passer à d’autres formes de recyclage et obtenir de plus justes prix pour leurs produits.

D’autres récupérateurs peuvent souhaiter en finir avec l’exploitation, la dépendance et la peur des intermédiaires, négocier et ainsi vendre directement aux acheteurs afin de s’assurer des revenus meilleurs et plus surs.

D’autres encore peuvent vouloir mettre un terme à la concurrence qu’ils se font les uns aux autres, qui rend leur travail désagréable, tendu et mine toute action collective potentielle. Peut être se rendent-ils compte qu’organiser une sorte d’association ou de collectivité  pourrait faire naître une nouvelle amitié et solidarité entre eux.

Beaucoup de récupérateurs sont préoccupés par la situation des enfants qui travaillent dans les décharges, en particulier celle de leurs propres enfants. Beaucoup appellent de leurs vœux des lois protégeant les enfants et leur permettant d’aller à l’école et de développer leurs talents.

D’autres peuvent souhaiter avoir accès aux services de santé et aux prestations sociales.

En fin de compte tous veulent être reconnus tant que comme travailleur utile à la société, méritant d’être traité avec respect.

Il y a donc maintes raisons pour s’organiser, mais comment s’y prendre? La première chose à faire consiste à constituer et à assurer la pérennité d’une organisation démocratique.

Construire une organisation

Construire une organisation va bien au-delà de recruter des adhérents et d’en augmenter le nombre. Les adhérents doivent s’assurer de la pérennité de l’organisation, ce qui signifie que ses membres doivent la gérer et la contrôler grâce à des structures et à des procédures démocratiques. Les organisations de récupérateurs doivent être ouvertes et représenter les intérêts de tous quelque soit leur sexe, leur race ou leur nationalité.

Une organisation démocratique, basée sur ses adhérents, peut revêtir différentes formes.

Ce peut être un syndicat, une association, un réseau ou une coopérative de travailleurs. Elle peut être petite ou grande, locale, nationale ou internationale. Ses membres peuvent être récupérateurs,  travailleurs formels ou un mélange des deux. Quelque soit sa forme ou son appellation, l’organisation doit être assise sur des structures de base solides et démocratiques et se réunir régulièrement peut-être sur la décharge ou si il s’agit de récupérateurs de rue, dans un parc.

À sa tête, il doit y avoir un leader élu par les membres et responsable devant eux. Les décisions de l’organisation doivent avoir un objectif clair et s’inspirer de valeurs et de principes solides.

Construire une organisation: les défis

Il n’est jamais facile de gérer une organisation démocratique basée sur ses adhérents. Les membres en étant à la fois propriétaires, gestionnaires et bénéficiaires, souvent  alentissent et compliquent la prise de décision, et la gestion et l’administration peuvent être inefficaces.

Ci-dessous sont énumérés trois des défis que les récupérateurs peuvent avoir à affronter  au cours du processus. Il faut accepter ces défis de sorte que les membres en discutent au sein de l’organisation et trouvent les moyens d’y répondre.

Défi nº 1: Bien choisir son leader

Voici quelques types de leader à éviter:

  • Leaders venant d’organisations peu efficaces et peu démocratiques.
  • Des gens ne cherchant qu’à satisfaire leurs propres intérêts.
  • Des gens corrompus, ou achetés par des politiciens ou des criminels.
  • Des hommes, si la majorité des membres est féminine.

Défi nº 2: Acquérir le savoir-faire et les connaissances à la gestion de l’organisation.

Beaucoup de récupérateurs ont rarement eu accès à une bonne éducation et à une formation à leur métier. Il leur manque souvent la confiance en soi et l’expérience nécessaires à une bonne gestion.

Défi nº 3: Disposer de l’argent suffisant pour atteindre les objectifs de l’organisation

Les organisations basées sur leurs adhérents dépendent des cotisations de leurs membres. Les récupérateurs ne peuvent pas payer des cotisations élevées ou périodiques. Il est difficile de percevoir les souscriptions régulièrement par ce que les membres sont pauvres, disséminés en plusieurs endroits, comme dans le cas des récupérateurs de rue, et parce que qu´ils n’ont pas de moyens.

Toutefois,  comme certaines tâches des récupérateurs génèrent des revenus, il existe des façons créatives d’obtenir des fonds pour les organisations. Par exemple, dans une décharge de Prétoria, les membres se sont organisés pour ramasser le verre collectivement et utilisent l’argent provenant de sa vente pour financer les activités de l’organisation.

Cependant, ces difficultés peuvent être surmontées si les organisations tiennent des réunions où tous peuvent exposer leurs idées sur ce qui doit être fait et comment le faire.

Dans le prochain bulletin des récupérateurs, cette rubrique approfondira la question du choix d’un bon leader. 

Les Organisations et efforts d´organisation

Les organisations démocratiques de travailleurs, dans le cas présent les organisations de récupérateurs, unissent des travailleurs ayant des activités similaires, des intérêts et des problèmes communs dans des organisations structurées et démocratiques, afin de mettre à profit leur pouvoir collectif pour contester et changer leur position dans la société.

L’organisation peut utiliser ce pouvoir collectif pour centrer son action sur le développement de leurs intérêts économiques, en prenant la forme d’une coopérative, ou pour défendre et faire progresser leurs droits et leur statut en tant que travailleurs, sous la forme de syndicat. Les deux orientations sont souvent combinées, que ce soit dans une coopérative, un syndicat, ou toute autre forme d’organisation démocratique, tels des groupements d’entraide et des associations.

Organiser, c’est construire de telles organisations. Cela implique :

  • de réunir des travailleurs dans de telles organisations par voie de recrutement ;
  • de développer et faire vivre, sans arrêt, des structures organisationnelles démocratiques
  • de mettre en œuvre activités et programmes collectivement ;
  • de parler par la voix des membres qui représentent les adhérents dans tout débat avec les autorités publiques, l’industrie ou tout autre acteur pertinent ; et
  • de former des leaders et amener les adhérents à prendre des décisions