ALLIANCE INTERNATIONALE DES RÉCUPÉRATEURS

L'Alliance Internationale des Récupérateurs est une union de organisations de récupérateurs représentant plus de 460 000 travailleurs dans 34 pays.
Supported by Logo WIEGO

Check translation:
Aliou Faye, de Bokk Diom, discute avec les autorités sénégalaises des suites possibles à donner à ce qu’il a appris en Inde."

Aliou Faye, de Bokk Diom, discute avec les autorités sénégalaises des suites possibles à donner à ce qu’il a appris en Inde. »

Par Fanny Chantereau

Aliou Faye, 34 ans, Sénégalais, récupérateur à la décharge de Mbeubeuss, à Dakar, depuis 16 ans, est vice-président de Bokk Diom, l’organisation des récupérateurs sur le site d’enfouissement. Fondée en 1995 par suite de la frustration des récupérateurs devant le manque de reconnaissance publique de leur travail, cette organisation est venue offrir un lieu où parler des problèmes du site et renforcer la solidarité entre travailleurs.

Depuis sa création il y a plus de 15 ans, Bokk Diom est une source importante de soutien pour les  récupérateurs. Forte de ses 800 membres parmi les 1 200 récupérateurs travaillant à la décharge, elle a réussi à se doter sur place d’installations comme un centre de soins infirmiers, un centre d’alphabétisation et une coopérative d’épargne et de crédit.

Les Indiens travaillent ensemble

La fermeture de la décharge est le principal problème auquel les récupérateurs sont confrontés. En effet, pour des raisons environnementales, sanitaires et économiques, le gouvernement sénégalais a décidé de la fermer en 2002, mais l’association a riposté retardant la mesure, quoique la menace de fermeture en août 2011 plane sur eux.

En 2011, début juin, les membres de Bokk Diom ont choisi Aliou pour aller apprendre en Inde comment les récupérateurs indiens réagissent aux fermetures de décharges et il a participé à un atelier où il a entendu parler de leurs luttes et victoires. Ce qui l’a vraiment impressionné, c’est que les Indiens sont organisés et travaillent ensemble. « De cette façon, ils sont plus forts et peuvent se battre pour leurs droits » a-t-il souligné. Après l’atelier de deux jours à Mumbai, il a visité Pune et Delhi où il est allé voir des récupérateurs travailler et visiter les installations, en particulier, les sites d’enfouissement, les zones de tri, les usines de compostage et de biogaz et les ferrailleurs.

Quelques jours après son retour au Sénégal, Aliou a fait rapport aux membres de Bokk Diom de ce qu’il avait appris au cours de son voyage. Il a expliqué que les récupérateurs indiens sont organisés en associations dans tout le pays, ce qui est utile car cela facilite encore plus le partage des expériences et des idées. « L’Inde est incroyable, » dit-il, ajoutant qu’il trouve les organisations de récupérateurs « très édifiantes. »

De même, Aliou a parlé des différences entre l’Inde et le Sénégal. Par exemple, la collecte porte-à-porte n’existe pas au Sénégal et pourrait offrir aux récupérateurs à Mbeubeuss, en cas de fermeture, une porte de sortie. À Pune, les récupérateurs ont fondé une coopérative, SWaCH, et chaque travailleur ramasse tous les jours les  d’echets auprès de 250 maisons. Le bon matériel est vendu et les résidus humides sont utilisés dans les usines de compostage ou de biogaz.

Perspectives d’avenir

De retour de l’Inde, Aliou et d’autres membres de Bokk Diom sont allés voir les autorités et les entreprises concernant la fermeture de la décharge. Ils voulaient discuter des solutions de rechange et de l’indemnisation des récupérateurs qui allaient perdre leurs moyens de subsistance.

Les autorités offrent des programmes d’enseignement pour les enfants âgés de moins de 16 ans, une pension aux récupérateurs de plus de 55 ans et 350 postes au centre de recyclage. Malheureusement, cela laisse 350 chômeurs, et « c’est là un gros problème pour nous, » a déclaré Aliou. Entre temps, il s’est rendu au futur centre de recyclage où aucun des aménagements promis, tels qu’un restaurant, un ensemble de logements et un centre de soins de santé, n’a encore été construit.

Aliou a fait rapport aux autorités des usines de compostage et de biogaz qu’il a vues en Inde et précisé qu’elles pourraient être intégrées au centre de recyclage et créer plus d’emplois. De plus, il a  expliqué comment l’usine de biogaz transforme les déchets humides en électricité et en quoi le compost peut être utile au centre de recyclage lui-même. « Ces idées les ont intéressées, et nous pourrions, soutient Aliou, nous rencontrer à nouveau prochainement. »

La solidarité et les échanges entre les récupérateurs dans les différentes parties du monde peuvent engendrer de nouvelles idées pouvant améliorer le sort des confrères et des consœurs face à des problèmes similaires.