ALLIANCE INTERNATIONALE DES RÉCUPÉRATEURS

L'Alliance Internationale des Récupérateurs est une union de organisations de récupérateurs représentant plus de 460 000 travailleurs dans 34 pays.
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Michael Hanna Shukri est un Egyptien qui s’emploie à fonder un nouveau syndicat des récupérateurs, et nous lui avons parlé de son travail et de ses efforts d’organisation sur le terrain.

Quel est votre parcours ?

Je suis un jeune Zabaleen qui est le nom donné aux collecteurs d’ordures informels qui ont commencé à travailler au Caire il y a 80 ans. J’ai 23 ans et travaille depuis dix ans. Je suis membre du syndicat des récupérateurs et siège au conseil d’administration de Spirit of the Youth, une ONG qui travaille avec les jeunes Zabaleen à la tête d’une campagne visant à fonder un syndicat et qui leur apporte aussi des fonds.

Cette ONG fait aussi de la formation. C’est-à-dire que, jusqu’ici les résidents ne faisant pas le tri des déchets, laissant cette tâche aux Zabaleen qui viennent s’en occuper chez eux, cette ONG a lancé un projet apprenant aux résidents et aux Zabaleen à faire le tri. Elle offre également des cours sur la sécurité dans le secteur des déchets et le renforcement des capacités.

Parlez-moi de votre travail

Je fais de la collecte des déchets avec mes frères et le camion de la famille. Certains d’entre eux le font dans des habitations et d’autres dans des zones commerciales, soit de 600 appartements et 40 magasins environ. Nous travaillons tous les jours et commençons t tôt le matin. Puis, vers 8 heures, je vais au travail, soit à Spirit of the Youth, l’ONG, soit au syndicat.

 

Comment se fait la collecte des déchets ?

En 2004, le gouvernement a passé des contrats avec des entreprises multinationales. Maintenant il y en a deux : la société espagnole FCC et AmaArab, un groupe égypto-italien. Tous les deux ont placé des conteneurs dans les rues dans lesquels les habitants déposent leurs déchets. Le gouvernement fait payer aux résidents la collecte des déchets et fait des versements aux multinationales qui, à leur tour, paient les Wahaya, leurs sous-traitants.

Les Wahaya sont venus du désert il y a 60 ans. A leur arrivée, ils ont rencontré un vieillard qui travaillait comme collecteur de déchets et, par la suite, ont commencé à contrôler le système. Mais ce sont les Zabaleen qui font du porte à porte et collectent les déchets pour les Wahaya. L’administration municipale pense que les Zabaleen sont payés, mais en fait ils gagnent leur vie en vendant plastique, le carton, le métal, les textiles et autres matériaux non organiques recyclables. Ils font manger les déchets organiques à des porcs.

Les entreprises et les Wahaya dominent le secteur formel de la gestion des déchets.

Comment travallent les Zabaleen ?

Les Zabaleen, qui sont dénombrés à 120 000, non organisés, des hommes dans la majorité, divisent le Caire en six zones.  Parmi eux, il y a des collecteurs de déchets, des  exploitants de petits ateliers et des intermédiaires qui achètent et vendent des déchets. De plus, 35 000 travailleurs informels de déchets qui proviennent de l’extérieur de la ville. Il y a environ 1 500 ateliers de déchets au Caire, et chacun a trois ou quatre travailleurs. Toutefois, le gouvernement ne voit pas le travail que font les Zabaleen.

En 2015, les contrats des multinationales prendront fin. D’ici là, les Zabaleen veulent forcer le gouvernement à passer des contrats avec eux, comme il avait fait avant la privatisation, vu qu’ils fournissaient un bon service de collecte. Or, depuis que le gouvernement l’a fait avec des sociétés étrangères, la qualité du service laisse à désirer et les Zabaleen ont moins de possibilités de gagner leur vie.

Parlez-moi du nouveau syndicat

Après la révolution égyptienne, le ministère des Ressources humaines a modifié les règlements et, en 2012, les Zabaleen ont pu légalement fondé un syndicat comptant 3 000 membres.

Le chef, Ezzat Naem, un Zabaleen âgé de 40 ans, siège aussi au comité exécutif de Spirit of the Youth.

Je suis responsable, dans l’ensemble, du recrutement des récupérateurs dans les six zones du Caire, et chaque zone a trois membres qui s’en chargent sur le terrain. Ils parlent aux Zabaleen du syndicat, les informent de leurs droits et leur expliquent ce qu’ils peuvent s’attendre du syndicat.

Le syndicat délivre aux adhérents une carte d’identité et leur offrent assurance maladie et pension. Chaque membre verse une cotisation syndicale de deux dollars américains par mois. La plupart des membres sont des collecteurs de déchets, mais il y en a qui viennent des ateliers. Le syndicat veut recruter plus de membres avant de procéder aux élections des dirigeants en mai prochain.