INTERNATIONAL ALLIANCE OF WASTE PICKERS

The International Alliance of Waste Pickers is a union of waste picker organizations representing more than 460,000 workers across 34 countries
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February 02, 2012


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En juin cette année, l’Alliance indienne des récupérateurs (AIW) a organisé à Mumbai un atelier sur le thème “Luttes et stratégies des travailleurs de décharges” en vue de comprendre leur situation aussi bien en Inde que dans d’autres pays. Ont participé à cet atelier les récupérateurs dans les décharges, le personnel de leurs organisations représentant plusieurs villes de l’Inde (Ahmedabad, Delhi, Ghaziabad, Mumbai, New Mumbai, Nagpur, Pune et Thane), des membres du personnel de WIEGO (Femmes dans l’Emploi Informel: Globalisation et Organisation) et deux récupérateurs d’Afrique du Sud et du Sénégal, respectivement.

La situation actuelle concernant l’accès aux déchets et la gestion des déchets dans onze sites à  travers le pays ainsi qu’au Sénégal et en Afrique du Sud a été présentée par un récupérateur sur une décharge dans chaque ville. L’impact de la fermeture des décharges sur les récupérateurs non organisés à Vasai-Virar, près de Mumbai, a également été évoqué.

Les récupérateurs ont abordé en commun un certain nombre de problèmes, notamment les problèmes de santé au travail sur les décharges, la formulation de leurs revendications telles que l’accès aux matières recyclables sur des sites en nombre accru, l’amélioration des conditions de travail, les mesures en matière de soins médicaux et d’assurance, les moyens d’existence de substitution et les recommandations au gouvernement.

Les intervenants ont également présenté différentes stratégies mettant en évidence les problèmes que connaissent les récupérateurs dans les décharges. À travers des mises en scène interactives, marquées par des présentations graphiques, des jeux et des exercices, ils ont réussi à faire passer le message et apprécier les contributions respectives: lois concernant les décharges, politiques et tendances dans la gestion des décharges, évolution vers les décharges sanitaires contrôlées qui excluent souvent les récupérateurs et implications de cette tendance.

L’atelier a montré que, dans le monde entier, les conditions de travail des récupérateurs dans les décharges sont, tout comme les problèmes, très similaires.

Visite à Delhi – Chintan

En visite à Delhi pour voir sur le terrain les programmes du Groupe d’action et de recherche environnementales de Chintan, Mmapula Baloyi, d’Afrique du Sud, et Aliou Faye, du Sénégal, ont pu en savoir davantage en côtoyant les récupérateurs qui sont membres de Safai Sena, une organisation sœur de Chintan.

Tous les deux ont également visité le centre de tri et d’emballage de Safai Sena, où les bouteilles de boissons gazeuses sont collectées, décapsulées, conditionnées et déchiquetés en flocons qui se vendent à un prix plus élevé que les simples bouteilles. Les membres de Safai Sena se partagent les profits et 50 % sont affecté aux projets que mène Chintan avec les récupérateurs.

Mmapula et Aliou, dotés d’un cyclo-pousse, ont aussi vu se dérouler la collecte des déchets de porte-à-porte. Ils ont visité un ferrailleur qui offre des prix équitables aux récupérateurs et la décharge Okhla, où a été construite l’usine de transformation des déchets en énergie.

A Bhopura, ils ont été chez un grand ferrailleur où les récupérateurs sont employés pour trier les déchets et ont commencé à collecter des tetrapack qui servent d’emballage de boissons et de nourriture. C’est un modèle que la société Tetrapack Pty Ltd est disposée à voir mettre en œuvre dans n’importe quel pays.

Visite à Pune : le KKPKP

Des visites d’échange d’information sont régulièrement organisées par le syndicat des récupérateurs à Pune, Kach Patra Kagad Panchayat Kashtakari (KKPKP), et ce, par le truchement du Réseau d’Asie et de l’Alliance indienne des récupérateurs, afin de favoriser des liens entre les récupérateurs de l’Inde et ceux des autres pays et ainsi avoir une prise sur les luttes et les stratégies des uns et des autres.

Rendus à Pune, Mampula et Aliou ont vu des membres de SWaCH, une coopérative, faire du porte-à-porte au moyen de charrettes munies de poubelles pour déchets secs et humides. Les récupérateurs mettent les déchets humides dans des fosses à compost et, par la suite, le compost est vendu et les profits sont distribués équitablement entre les récupérateurs. Ces derniers disposent aussi d’un local où les déchets secs sont triés davantage et stockés au besoin.

Les deux visiteurs ont également été à une usine de biogaz qui s’alimente en déchets humides livrés par les camions municipaux qui en font la collecte aux hôtels. Les membres de SWaCH trient les déchets de sorte que seules les matières organiques vont dans la déchiqueteuse. Le gaz que produit l’usine alimente 68 lampadaires en électricité.

A Pune, ils ont aussi vu un mini-méthaniseur mobile qui peut contenir 200 kg de déchets humides et produits du gaz de cuisine. Aliou, très intéressé, dit vouloir lancer une usine de biogaz au Sénégal où les déchets humides, à part le pain qui est vendu aux porcheries, sont tout simplement jetés. Vu que le Sénégal a des problèmes d’énergie, il estime que le biogaz serait une solution et entend, une fois rentré au pays, en discuter avec les représentants du gouvernement sénégalais.

Le récit de la formation du KKPKP et de son travail avec les récupérateurs ont émaillé le parcours des deux récupérateurs africains. En visite à une décharge à Pune, ils ont été informés d’un gros problème, à savoir que les camionneurs gardent parfois les déchets secs de haute qualité et ne laissent aux récupérateurs rien de grande valeur. Aliou et Mmapula ont remarqué que l’odeur y était la même que dans leurs décharges et que le travail était également semblable.

En échangeant des vues sur le travail dans les décharges en Inde et en Afrique, les récupérateurs se sont rendus compte que la situation et les luttes étaient similaires dans tous les pays et que la menace de la privatisation plane sur tous les récupérateurs, déjà en mal de soutien de la part des pouvoirs publics ou de protection sociale.

Neha Govindan