Par Ricardo Valencia
En septembre de l’année dernière, lors d’une importante réunion des récupérateurs à Dakar, au Sénégal, StreetNet International a incité ses affiliées en Afrique à organiser les récupérateurs.
En 2008, lors d’une conférence antérieure de Waste Pickers Without Frontiers à Bogota, en Colombie, il était clair que l’organisation des récupérateurs en Afrique était en retard sur l’Amérique Latine, où il existe un réseau continental des récupérateurs, et l’Inde, où il y a une Alliance indienne des récupérateurs (AIW). En conséquence, en 2009, StreetNet a lancé un projet d’aide aux efforts d’organisation que font les récupérateurs en Afrique.
La réunion de Dakar a réuni des délégués de pays d’Afrique comme le Kenya, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal, le Niger, le Ruanda, le Congo, le Togo, le Burkina Faso et le Tchad.
Les participants ont discuté de problèmes clés tels que le travail des enfants, le fait que les récupérateurs doivent payer pour collecter des résidus au lieu d’être payés, la méconnaissance de leurs droits, le manque de capacité des collectivités locales à gérer les déchets et la privatisation de la collecte des déchets.
Les participants ont suivi avec beaucoup d’intérêt les exposés faits par les récupérateurs bien organisés de Pune, en Inde, exposés qui ont fait comprendre aux délégués que les femmes sont tout aussi capables de faire ce que font les hommes. Ils ont aussi appris comment les récupérateurs en Amérique latine ont lancé un solide réseau qui s’étend aujourd’hui sur tout le continent.
Il y a aussi eu de vastes discussions sur le régime de soins de santé mis en place en faveur de Bokk Diom, une organisation de récupérateurs au Sénégal, par des ONG et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Fruits de la rencontre
A la fin de l’atelier, et tout bien réfléchi, les participants ont estimé qu’en s’informant de ce que font les récupérateurs de divers pays, ils avaient commencé à comprendre à quel point il est important de gérer l’environnement par le recyclage. Ils en savent maintenant en peu plus sur la chaîne de valeur, de la collecte au recyclage, grâce à tout le travail des groupes marginalisés.
De même, ils ont saisi l’importance de la communication et du réseautage pour bâtir une organisation solide, d’autant plus que ces deux éléments aident aussi à créer des emplois et à éradiquer la pauvreté.
Une déléguée d’Afrique du Sud, Cynthia Nkosi, était vraiment emballée : « Les Indiens sont super et solidaires. Les Kenyans aussi. Tout le monde touche le même salaire. Je suis à mon propre compte, mais nous essayons toujours de faire front commun parce que nous sommes quinze dans la décharge de Barberton. »
De retour dans leur pays, les délégués se sont engagés à rester en contact et à forger des liens avec d’autres récupérateurs en Afrique et dans le monde entier. Qui plus est, ils voulaient mettre en œuvre au sein de leurs propres organisations ce qu’ils ont appris en particulier des efforts d’organisation en Amérique latine et en Inde. A ce propos, ils sont souligné la nécessité de faire adopter par leur gouvernement national des lois favorables aux récupérateurs et de sensibiliser les autorités à leur sort.
StreetNet a encouragé ses affiliées africaines à rencontrer d’autres récupérateurs pour savoir s’ils sont organisés et, s’ils ne le sont pas, à les aider à créer des associations ou des coopératives. Cela est tout à fait possible : les vendeurs de rue rencontrent souvent des récupérateurs qui, comme eux, travaillent dans les espaces publics.
Lorsque les pays officialisent les organisations de récupérateurs, les affiliées doivent en aviser StreetNet et lui communiquer les coordonnées du contact afin que StreetNet puisse, à son tour, les transmettre à la coordonnatrice de WIEGO (Femmes dans l’Emploi Informel : Globalisation et Organisation), chargée des récupérateurs en Afrique, vu que WIEGO aide les récupérateurs à se doter d’un réseau mondial.
A la fin de la réunion, les délégués se sont engagés à garder le contact avec les affiliées de StreetNet et à chercher à côtoyer des organisations de récupérateurs de même qu’à en créer de nouvelles dans leur pays. Comme l’a dit un délégué : « Au début nous pensions que seuls les Latino-Américains s’organisaient, mais maintenant, grâce à cette expérience internationale, nous sommes fiers de savoir que, même si nos mains sont dans les poubelles, nous avons la tête haute. »
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