ALLIANCE INTERNATIONALE DES RÉCUPÉRATEURS

L'Alliance Internationale des Récupérateurs est une union de organisations de récupérateurs représentant plus de 460 000 travailleurs dans 34 pays.
Supported by Logo WIEGO

Posted by
Written by Nandi Vanqa-Mgijima, International Labour Research & Information Group (ILRIG)

Region

Country Afrique du Sud

mai 28, 2015

Translated by Dico


Workers World News. 10/01/2014

women waste workers-sa

Beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants issus des communautés ouvrières gagnent leur vie grâce à la collecte des déchets, c’est-à-dire par la collecte, le tri, le recyclage et la vente de matériaux que quelqu’un d’autre a jetés. Le manque d’emploi et d’éducation ainsi que la pauvreté chronique — corollaires du néolibéralisme — ont contraint de nombreuses femmes à la récupération. Une initiative en cours, lancée par les récupératrices à Cape Town, permettra à ces femmes de s’organiser et de battre pour faire reconnaître leur travail et améliorer leurs conditions de travail.

Voix de la rue

Depuis 16 ans, Sis Mpumi, une récupératrice qui vit dans le Site B du campement informel à Khayelitsha, depuis 1986, et qui affirme que presque tous habitants du site survivent grâce à la récupération des déchets, s’efforce d’organiser les autres récupérateurs pour se battre en faveur de la reconnaissance de leur travail.

Le néolibéralisme et l’expansion du secteur informel

Le néolibéralisme est l’une des principales raisons pour lesquelles tant de personnes, notamment des femmes, se sont tournées vers la collecte des déchets. En effet, pour les femmes exploitées et opprimées, le capitalisme néolibéral a été désastreux puisque, sous ce régime, c’est-à-dire depuis l’adoption des politiques néolibérales, les emplois à temps plein et/ou réguliers ont été progressivement remplacés par le travail à temps partiel, temporaire et précaire, en particulier pour les femmes. Résultat : le secteur informel (qui englobe récupérateurs de matériaux, les travailleurs du sexe, les travailleurs de soins à domicile et les vendeurs de rue) a pris de l’ampleur en Afrique du Sud et ailleurs. Les femmes constituent souvent la majorité des actifs dans le secteur informel et le nombre de femmes récupératrices est également à la hausse.

Qu’est-ce que c’est que d’être une récupératrice ?

Selon Sis Mpumi, les femmes récupératrices de matériaux font généralement un travail très risqué et dangereux. Elles n’ont pas souvent de tenues de protection et sont souvent exposées à des matières dangereuses lors de la collecte et du tri. Au travail, les récupératrices courent également un risque élevé d’être victimes de la criminalité et de la violence sexuelle en raison des heures longues et irrégulières qu’elles travaillent.

Elles sont souvent aussi méprisées par les voisins et la communauté comme l’explique Mpumi : « Nous sommes ignorées et méprisées à cause du travail que nous faisons; les gens voient souvent en nous des personnes sales, des vagabondes et des vauriennes qui veulent vivre des poubelles. » L’impact de l’exclusion sociale des récupérateurs est donc énorme, sans parler de l’exploitation et de la discrimination qu’ils subissent aux mains de l’Etat et des acteurs du secteur privé, y compris des intermédiaires. De fait, les récupérateurs sont très mal payés par les intermédiaires qui revendent ensuite les matériaux à des prix beaucoup plus élevés. En raison de la discrimination, les femmes en particulier n’ont pas toujours accès à des matières recyclables de la plus haute valeur et en subissent également l’effet négatif sur leur revenu.
Autre problème : les récupérateurs des townships (banlieues noires) sont souvent interdits d’accès à d’autres municipalités viviers de déchets de types plus rentables. Plus précisément, trois des six décharges municipales sont interdites aux récupérateurs venus des townships, et ces derniers se voient souvent empêcher d’entrer dans les banlieues verdoyantes où ils peuvent trouver des matériaux qui rapportent le plus.

Les récupératrices s’organisent

En 2010, Sis Mpumi a commencé à parler à un groupe de femmes récupératrices dans son quartier les incitant à s’organiser en se fondant sur les défis auxquels elle sont confrontées en tant que récupératrices et femmes. Aujourd’hui, leur groupe, appelé Siyacoca, « nous nettoyons », compte progressivement de plus en plus d’adhérents. Leurs efforts d’organisation les ont amenés à participer à des séances de sensibilisation politique visant à renforcer le leadership des femmes, l’analyse des contraintes et des limites qui leur sont imposés par l’Etat et les entreprises et leurs différents moyens d’organisation.
Par le biais de Siyacoca, Sis Mpumi et ses camarades ont établi aussi bien à Khayelitsha qu’à Philippi des structures locales qui sont devenues des tribunes où les gens parlent du travail qu’ils font et encouragent d’autres à se joindre à la lutte. Parmi les stratégies et outils d’organisation adoptés par ces structures locales de Siyacoca figurent l’éducation et des lettres écrites aux autorités pour décrire leurs défis et revendications. Privés de local où rassembler les matériaux collectés, ils ont, grâce à Siyacoca, commencé à nouer le dialogue avec les autorités municipales dans le but de se voir affecter un local spécifique.