ALLIANCE INTERNATIONALE DES RÉCUPÉRATEURS

L'Alliance Internationale des Récupérateurs est une union de organisations de récupérateurs représentant plus de 460 000 travailleurs dans 34 pays.
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Cette déclaration a été lue par Soledad Mella, représentante de l’Alliance mondiale des collecteurs de déchets et présidente de l’Asociación Movimiento Nacional de Recicladores de Chile (ANARCH), lors de la 5ème session plénière de l’UNEA, qui s’est tenue les 28 et 1er mars 2022 à Nairobi, au Kenya.

La version espagnole de la vidéo est disponible.

En savoir plus sur les activités de l’Alliance mondiale lors de la cinquième session de l’UNEA !

Appel à l’inclusion et à la reconnaissance significative des récupérateurs

Déclaration pour la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement

Une menace pèse sur la planète qui nous appelle à la prendre en charge de toute urgence. Non seulement en regardant vers l’avenir, mais surtout vers le présent. Si le plastique a représenté un progrès dans le développement humain, il est aujourd’hui un déchet dangereux, qui conduit notre planète et les êtres qui y vivent à la destruction humaine et environnementale.

La question que nous devons nous poser: Est-ce et était-ce la faute du plastique ou de l’aveuglement que l’industrie et les grandes puissances ont eu dans cette situation ? La vérité est que lorsque nous répondrons à cette question, nous serons en mesure d’avancer sur bien d’autres sujets que la seule douleur causée par le plastique.

Nous sommes 20 millions de récupérateurs dans le monde, dans mon pays nous sommes environ 18 millions d’habitants ; alors nous pourrions dire que nous sommes un pays de récupérateurs, que dans chacune de ses nations nous nous sommes occupés du plastique.

Nous sommes les femmes et les hommes qui ont donné de la valeur à un déchet que vous avez tout jeté, en l’intégrant dans la chaîne productive de l’économie circulaire dont on parle tant aujourd’hui.

Aujourd’hui, pour la première fois, nous voyons des millions d’hommes et de femmes se préoccuper de ce que l’on appelle à tort les déchets (le plastique), et nous en sommes vraiment heureux. Mais il y a un groupe humain qui l’a fait avant en partant d’une nécessité économique et aujourd’hui, connaissant l’importante contribution environnementale de notre métier, les récupérateurs devraient être reconnus comme le premier maillon de cette chaîne environnementale. Nous avons fait ce travail par le biais de notre commerce sans aucun paiement, en vivant des déchets et en devenant une partie de ceux-ci, comme beaucoup nous ont vus, tombant dans la discrimination et la marginalization. –

La responsabilité du plastique et ses conséquences nous réunissent en ce lieu, où pour la première fois, les récupérateurs de base peuvent rendre notre travail visible, et nous pensons qu’il est essentiel de soulever 7 points qui devraient être considérés en priorité par les nations

  1. Reconnaître le rôle des ramasseurs de déchets en tant que partie intégrante de la solution à la pollution plastique tout au long du processus de négociation, en rappelant la recommandation 2015 (n° 204) de la Conférence internationale du travail (CIT) sur la  » transition de l’économie informelle à l’économie formelle « .
  2. Assurer la représentation des collecteurs de déchets dans les processus prospectifs du Traité sur les plastiques de l’UNEA, et sauvegarder notre intérêt dans la gestion des déchets plastiques,
  3. Faciliter la participation directe des collecteurs de déchets, ainsi que de nos organisations et unités économiques, en tant que parties prenantes essentielles à la préparation des lois et règlements nationaux qui nous concernent, tels que les plans d’action nationaux pour la pollution plastique, la gestion des déchets, l’économie circulaire et la responsabilité élargie des producteurs (REP).
  4. Mandater une compensation équitable et une protection contre les risques pour les collecteurs de déchets pour notre travail de gestion des déchets plastiques, avec des mécanismes de contrôle et de rapport statutairement constitués pour vérifier la conformité.
  5. Établir et garantir le cadre juridique pour une transition équitable des collecteurs de déchets vers de nouveaux rôles, et nous impliquer dans toute transition équitable vers de nouveaux systèmes, matériaux, options de collecte, de recyclage et de distribution en ce qui concerne les plastiques.
  6. Réduire et éliminer progressivement les substances ou composés cancérigènes et toxiques présents dans les plastiques afin de garantir une gestion sûre des déchets plastiques. Encourager le remplacement des emballages non recyclables par des emballages recyclables ou réutilisables.
  7. Nous appelons les Etats membres à instituer des normes de responsabilité élargie des producteurs qui obligent les entreprises et les producteurs responsables de la pollution plastique à s’associer aux collecteurs de déchets et aux organisations de collecteurs de déchets pour la gestion des déchets plastiques et à prendre en considération la position de l’Alliance mondiale des collecteurs de déchets en matière de REP.

Enfin, nous appelons toutes les nations à prendre la responsabilité aujourd’hui et non demain du continent de plastique qui existe aujourd’hui, à chercher des solutions réelles et concrètes pour résoudre ce grand problème qui nous concerne tous, mais surtout les producteurs et leurs nations. L’humanité a dit « ça suffit » et nous avons agi.

Les lois REP parlent d’un principe clé pour le producteur, qui est « le pollueur payeur », et beaucoup le font, mais qui arrêtera la pollution, c’est pourquoi nous pensons qu’il est fondamental de ne pas continuer à écrire des accords qu’ils ne respecteront pas, mais de respecter les accords qui sont déjà écrits et de superviser et punir sévèrement leur non-respect.

Nous avons été en charge de plus de quatre générations de ramasseurs de déchets et aujourd’hui nous réclamons la place qui nous revient ainsi que les investissements et le soutien nécessaires pour que nous puissions réellement atteindre les objectifs et avoir un impact réel sur l’environnement. Nous sommes le quintile le plus bas de cette société, nous sommes la conséquence de modèles économiques qui ont appauvri le monde, nous sommes ceux qui, sous notre besoin, réalisent le travail le plus noble mais le plus sale « prendre soin de vos déchets en récupérant et en plaçant les matières premières dans l’industrie du recyclage, en évitant la surexploitation des ressources naturelles, en mettant fin à l’économie linéaire et en créant l’économie circulaire ».

Nous sommes le visage du recyclage dans le monde, nous sommes les mains qui nettoient le monde, nous sommes les vrais héros de la planète et rien de ce que vous essayez de faire sans les ramasseurs de déchets ne fonctionnera.

Parce que le recyclage sans les récupérateurs est un déchet.